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Chaque année, on assiste à la même rengaine. Tous les journaux publient leurs classements des meilleures écoles du supérieur.
Ecoles de communication, de commerce et d’ingénieurs se font tout pour apparaître au sommet des rankings. Mais, ces listings sont-ils réellement viables et adaptés à la réalité académique actuelle ? Les étudiants peuvent-ils vraiment compté sur ces tableaux pour choisir l’établissement dans lequel ils vont passer les 5 prochaines années …
et dans lequel ils vont se former avant d’entrer dans la vie active ? Rien n’est moins sûr. Plusieurs directeurs d’écoles s’accordent à dire que ces classements sont parfois trompeurs et pris beaucoup trop au sérieux par les parents et les futurs prétendants.
Comment les classements des écoles de communication sont-ils faits ?
Les classements des écoles de communication et de commerce posent de nombreux problèmes. Tout d’abord, forcés d’utiliser des critères bien définis pour classer les établissements, les journaux et les sites spécialisés doivent faire de choix. Ces critères mettent inévitablement certaines écoles en avant par rapport à d’autres. En effet, certaines écoles qui ont choisi une spécialité et qui possède de facto moins de ressources pour la recherche ou un ratio étudiants/professeurs permanents inférieur à la moyenne alors même que des professeurs supplémentaires sont inutiles verront leur positionnement dans les rankings lourdement touchés.
Par ailleurs, les données recueillies par les journaux à la base des classements ne sont pas et ne peuvent pas être vérifiées en profondeur par les journaux. Les classements se basent principalement sur les données envoyées par les directeurs d’école. Il est bien sûr impossible de modifier les chiffres du tout au tout, cependant, les chiffres peuvent parfois comporter quelques erreurs. Embellissements et réductions sont souvent constatés par les directeurs d’école.
Un argument marketing ?
Le secteur des écoles de communication et d’ingénieurs privées est un marché lucratif. Les acteurs sur le secteur sont de plus en plus nombreux et chaque année, des structures s’installer sur de nouveaux créneaux. La concurrence s’intensifie et il devient compliqué de se faire une bonne place au sein de ces fameux classements. Les directeurs d’écoles sont conscients de la portée de ces documents auprès des étudiants et de leurs parents. Certains regrettent d’ailleurs l’importance qu’ils leur accordent. Olivier Ogier, directeur de l’EDHEC, école de communication et de commerce précise d’ailleurs en 2011 que « [les étudiants et leurs parents] ne connaissent pas le monde de l’enseignement supérieur et vont recourir aux classements pour légitimer leur choix ». Il poursuit : « C’est terrifiant, car il arrive que des élèves choisissent une école sans même connaître son projet pédagogique ». Erwan Poiraud ajoute que certains « candidats et leurs parents ne prennent pas en considération les critères retenus par les classements, ils regardent simplement la place de l’école convoitée … ».
Les classements sont importants et donnent une vision approximative de l’état du marché de l’enseignement privée mais en aucun cas on ne peut baser son orientation sur ceux-ci, d’autant plus que chaque classement à sa spécificité. Les différents journaux et magazines spécialisés mettent en avant certaines caractéristiques qui seront passées sous silence par un autre classement. Il faut donc bien faire la part des choses avant de prendre sa décision.
Un conservatisme ambiant
Les classements des écoles de communications et des écoles privées en général sont soumis un système conservateur où les anciens font figure de référence. Les plus gros sont poussés en avant de par leur légitimité académique auprès du grand public et les nouveaux entrants doivent montrer patte blanche avant d’accéder aux bonnes places. On remarque également que chaque année, les meilleures écoles caracolent en tête de classement avec de nombreux point d’avance et que le reste du classement se joue dans un mouchoir de poche.
En 2008, pour résoudre le problème, Valérie Pécresse, alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche avait proposé de mettre au point un classement européen : le classement de Bruxelles. Ce classement, qui n’a pas encore été officialisé, était supposé supprimer les incohérences et établir une seule et même classification officielle.
Avant cela, le CHE (Center for Higher Education Development) propose depuis 1998 une classification des écoles des communication et des écoles privées en général. Le classement est effectué sur les principaux établissements allemands et combinent des critères souvent mis de côté par les classements traditionnels (logements, restaurants, infrastructures parascolaires …). Le classement prend en compte les avis de milliers d’étudiants et de nombreux professeurs. Par ailleurs, le CHE ne publie pas un ranking standard. L’organisme met en ligne un modèle dans lequel l’étudiant entre ses principaux critères de décision. En fonction de ses critères, il reçoit un classement adapté dans lequel les écoles répondant favorablement à son mode de décision sont tirées vers le haut, peu importe leurs cotes de popularité auprès du grand public, un modèle à suivre.
En attendant que le classement de Bruxelles soit mis en place et qu’un organisme prenne modèle sur le CHE pour publier un classement plus objectif sur les écoles de communication et l’ensemble des structures il faudra prendre les classements d’écoles supérieurs pour ce qu’ils sont, des indicateurs.